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Si le fantastique n'est pas un genre nouveau (on pense alors à l'Odyssée ou bien à l'oeuvre de Chrétien de Troyes), des auteurs romantiques de la fin du XVIIIème siècle tels que Guy de Maupassant, Ann Radcliffe ou encore William Godwing lui donne sa conception moderne… ou du moins en Occident!
Le fantastique a accompagné la naissance du cinéma avec des réalisateurs comme Georges Méliès avec Le Voyage dans la Lune (1902) qui utilisent ce nouveau média pour adapter des romans fantastiques. Ce n’est que plus tard, dans les années 1920-1930, notamment par le biais de l’expressionnisme allemand, que les scénaristes écrivent leurs propres scénario, tout en continuant d’avoir recours à l’adaptation. Le cinéma a tout de suite intégré le genre, à la fois comme spécifique et comme égal aux autres. En 1968, avec 2001, l'Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, la science-fiction s’impose comme un modèle esthétique dans le cinéma.
En 1962, une revue spécialisée dans le cinéma fantastique fait son apparition en France: Midi-Minuit Fantastique, créée par Michel Caen, Alain Le Bris, Jean-Claude Romer et Jean Boulle. Avec cette revue, il y a une véritable tentative de considération du cinéma fantastique, qui est alors un des genres les plus adaptés au média. Le but de cette revue est de donner la légitimité que le cinéma fantastique mérite. Ce cinéma doit donc, selon eux, être abordé par la critique de la même manière qu’elle aborde le cinéma dit “d’auteur”: il surpasse l’étiquette du “divertissement” qu’on lui prête systématiquement. Aujourd’hui, même si la presse spécialisée dans le cinéma fantastique subsiste, ce genre cinématographique tend à être mis au même niveau que le reste du cinéma.
Internet permet depuis les années 90 aux utilisateurs de diffuser leurs opinions sans passer par des structures professionnelles (comme par exemple la presse), y compris sur des sujets culturels.
Ainsi, les médias sociaux, en particulier les blogs, les forums et les plateformes de partage (YouTube, Sens Critique, Babelio etc.), jouent un rôle important dans la diffusion de ses opinions, notamment ceux qui concernent les produits fantastiques.
Aujourd’hui, il est impératif de noter que la consommation actuelle des produits culturels fantastiques est étroitement liée à l’usage d’internet. Les industries culturelles font aussi de plus en plus appel à des amateurs, souvent auteurs de blog ou “youtubeurs” , pour élaborer des partenariats : ces entreprises profitent d’une opportunité apparu avec le développement de l’influence de ces amateurs pour toucher un public ciblé généralement jeune. Les amateurs en ligne de fantastique sont aussi concernés par cette tendance; par exemple, en 2016, la blogueuse et youtubeuse française Codaleia a réalisé un partenariat avec la maison d’édition Bragelonne, spécialisée dans la littérature fantastique. L’utilisation d’internet par les consommateurs et les industries nous montre qu’il devient un enjeu contemporain de la communication des produits fantastiques (entre autres), ce qui affecte par conséquent sa perception.
Il semble que le genre fantastique s’intègre naturellement dans la conception et le développement du jeu vidéo. Dans le MMORPG (Jeux de rôle en ligne massivement multijoueur), qui est un prolongement du jeu de rôle, le fantastique est fortement sollicité et la quasi totalité des productions de ce genre se déroule dans un univers imaginaire. Ici le jeu vidéo propose une immersion plus forte que les autres médias puisqu’elle sollicite l’utilisateur de manière active, c’est à lui de composer sa propre aventure dans un monde totalement fantastique la plupart du temps. Les codes du fantastique sont alors intégrés de manière spécifiques et unique par le biais des nouvelles technologies d'information et de communication.
A peu près au même moment, le genre de l’horreur connaît également un âge d’or avec, par exemple, les productions prolifiques de la société de production britannique Hammer, réalisant des films tels que Le Cauchemar de Dracula avec Christopher Lee, en 1958. Le cinéma a donc lui aussi participé à l’évolution de la conception et de la perception du fantastique.
La presse littéraire, elle, ne s'intéresse que très peu au genre fantastique. Néanmoins, il existe quelques oeuvres fantastiques reconnues par la presse littéraire et/ou généraliste telle que 1984 de Georges Orwell, Le Seigneur des Anneaux de Tolkien ou encore Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, considérés aujourd’hui comme des classiques de la littérature, dépassant de ce fait leurs étiquettes de “science-fiction”, “fantastique” ou “fantasy”.